HISTOIRE DE LA VALLEE
Au paléolithique, une période de glaciations successives empêcha toute implantation humaine en Briançonnais. Cependant, il est attesté qu’au cours du néolithique, soit 2000 ou 3000 ans avant notre ère, le peuplement s’étendit plus en avant dans les Alpes. Des vestiges archéologiques datant de cette époque ont été retrouvés dans les vallées situées du côté italien, tels que : des haches en pierre (Oulx, Salbertrand, Césanne), des débris de poteries (Valcluson), ainsi que deux pierres gravées, l’une de petites croix, dite la Peïro de lâ Crû (Gran Faetto) et l’autre, de signes étranges, appelée la Péira eicrita (Comba Farina). Sur le versant occidental des Alpes, les traces d’occupation sont moins nombreuses, en effet, seule une hache en pierre polie a été retrouvée dans la vallée perchée de Fressinières (c’est là le seul vestige de cette époque situé en altitude). Il est isolé de quelques cinquante kilomètres de tous ceux qui ont été découverts, plus au Sud, notamment, dans la vallée du Buëch), ainsi qu’un mégalithe, dit la table percée, au Col de l’Echelle. Les hautes vallées de Briançon et du Queyras auraient ainsi été peuplées à une époque plus tardive, certainement par l’Est.
A l’âge du bronze, la région a certainement été traversée mais tout établissement a dû être limité jusqu’à une période plus reculée, comme en attestent la découverte d’une faucille (Montgenèvre), d’une lame de poignard à rivets (Col du Lautaret), de cinq colliers (St-Véran) ainsi que d’une soixantaine d’objets en bronze, mis à jour fortuitement par des marmottes en 1963, au lieu dit de la Casse Rousse (Villard d’Arêne), à plus de 2000 m d’altitude. Plus bas, des traces d’activités humaines ont également été retrouvées à St-Chaffrey, aux Alberts, au pied du Col de Montgenèvre, autour de Guillestre et à Vallouise. Datant tous des VIIIème et VIIéme siècles, et restant, une fois de plus isolés d’autres vestiges situés plus au Sud (les plus proches se trouvant à Réallon, dans le Champsaur ou dans la vallée du Buëch), la théorie d’un peuplement venant d’Italie, en passant par les cols, apparaît donc plus crédible. Ainsi, dès l’époque de l’âge du bronze, les populations montagnardes auraient été distinctes de celles de la haute Provence. Toutefois, une activité pastorale des peuples du Sud n’est pas à proscrire, même si aucune trace n’a été retrouvée sur cinquante kilomètres.
A Briançon, les travaux de construction de la gare de Ste-Catherine, à la fin du XIXème siècle, firent apparaître plusieurs squelettes, accompagnés de bracelets de fer. Si aucune étude sérieuse ne fut faite à cette époque, il est probable d’y voir comme J. Routier et H. Petiot, des vestiges de l’époque de Hallstatt. En effet, dans tout le Briançonnais, la période de l’âge du fer est marquée par cette civilisation. Ainsi, des bijoux en bronze remontant à cette période ont été retrouvés à Pelvoux et dans le Queyras (St-Véran). A Case Plan et à Soubras, près d’Oulx, des tombes recouvertes d’une grande pierre plate ont été mises à jour. Dans l’une d’elles, le crâne d’un squelette contenait une étrange broche en bronze de la Civilisation de Hallstatt (VIIème et Vème siècles avant JC). Si ceci nous renvoie à des rituels plutôt macabres, cela semble confirmer notre théorie d’un peuplement venu par l’Est. Rappelons à ce sujet que la Civilisation de Hallstatt, l’une des plus importantes de l’âge du fer en Europe, provenait de la partie la plus orientale des Alpes, entre l’Autriche et la Slovénie, avant de s’étendre aux Alpes du Nord (Suisse et Italie), et plus loin, à la vallée du Rhin, la France et l’Angleterre. Le peuplement du Briançonnais serait donc bel et bien venu par l’Est.
Il apparaît clair, comme le dit J. Routier, qu’un mode de vie s’édifia lentement en montagne, où l’homme s’adapta à un milieu difficile, organisant une vie sociale inscrite dans la mémoire collective, qui aura persisté bien des siècles après, adaptée à de nouveaux besoins, dans les fondements mêmes des institutions, de la vie économique ainsi que sur certains points, dans les mentalités des habitants de ces régions.
Certainement installées sur le replat des vallées, les populations auraient eu une vie matérielle basée sur l’utilisation des ressources locales : exploitation des bois, mines de métal, activité agro-pastorale (cette dernière qui, comme nous le montrerons plus tard, a dû permettre à l’homme de survivre au grand froid hivernal grâce à la présence des troupeaux). Cependant, à ces moyens répondant aux besoins essentiels, vinrent s’ajouter des échanges commerciaux qui, dès l’âge du bronze, durent avoir lieu entre les tribus établies de part et d’autre des Alpes.
Déjà à l’âge du bronze, le Briançonnais est occupé par des peuplades celto-ligures, les Brigiani, qui sont à l’origine du nom romain Brigantio (racine celtique « brig » = lieu élevé).
A l'époque romaine, Saint-Chaffrey se trouve en bordure de la voie domitia créée au moment de la conquête du Midi de la Gaule, à partir de 120 av. J-C., par le consul Cneus Domitius Ahenobarbus. La Via Domitia, du nom de son fondateur, devait réunir l’Italie aux provinces d’Espagne en desservant la nouvelle Province Transalpine. C’est en fait la plus ancienne route construite de France. Suivant en partie d’anciens itinéraires attestés par des historiens et des géographes de l’Antiquité, cette voie franchissait les Alpes au col du Montgenèvre, gagnait le delta du Rhône par les vallées de la Durance et du Calavon, traversait les plaines du Languedoc et du Roussillon et passait les Pyrénées au col de Panissars près du Perthus. Elle était jalonnée par les cités de Briançon, Gap, Sisteron, Apt, Cavaillon, Nîmes, Béziers, Narbonne et Château-Roussillon.Du V° au X° siècle, particulièrement, le col de Montgenevre sera très emprunté par les envahisseurs de toutes origines : Ostrogoths, Lombards, Sarrasins, et Hongrois en particulier. Après le passage des Wisigoths, des Francs et des Lombards, la vallée de la Guisane est Dauphinoise à partir de 1024 et fait partir de la principauté de Briançon.
C'est à cette époque qu'aurait été construite la chapelle Saint-Arnould.
Vers 1040 (XI° s.), Henri III confie le Briançonnais au Comte d'Albon, tige des Dauphins. Briançon s'épanouira enfin et se verra reconnaître des Dauphins certaines libertés.
En 1343, les communautés Briançonnaises signent avec Humbert II, le dernier dauphin, la Grande Charte qui leur reconnaît des privilèges économiques et municipaux. Les briançonnais, sans exception, sont désormais tenus et considérés comme des hommes libres, francs et bourgeois. Le Grand Escarton était composé de cinq Escartons (ou territoires) soit 51 communes (à présent à cheval sur la France et l’Italie).
L’étymologie du mot « escarton » vient de son rôle essentiel qui était de répartir l’impôt, la part de chaque communauté étant un escart. Cette fédération est rendue possible grâce à la prospérité qu’a connue le Briançonnais à partir du début du XIVème siècle. A cette époque se déroulaient à Briançon des foires célèbres. En 1339, Briançon comptait 1500 habitants. Mais la peste de 1348 anéantît 73% de la Population.
La vallée de Serre Chevalier entre dans le Royaume de France en 1349. Quelques personnages célèbres séjournèrent à Briançon : François 1er en 1537, Louis XIII et Richelieu en 1629, Vauban en 1692 et 1700.
Le Traité d’Utrecht de 1713 allait diviser le Briançonnais. En effet, il se trouva coupé en deux : un côté au Duché de Savoie (Italie aujourd’hui) et un autre dans le royaume de France. On trouve encore entreentre Névache et Valloire des bornes frappées d’une fleur de Lys sur une face et d’une Croix de Savoie de l’autre...
Mais couper les Escartons en deux pays différents ne fût guère apprécié : tous les gens du Val Susa perpétuèrent le français et le dialecte briançonnais pendant longtemps. De l’autre côté, le traité accorda le maintient des privilèges ancestraux. La Révolution Française anéantît l’Escarton et entraîna la perte de ses valeurs. En 1789, La Grave et Villar d’Arène demandent leur rattachement aux Hautes Alpes.
En 1815, Briançon tînt 4 mois le siège face aux Autrichiens qui dûrent finalement renoncer. La fin du XIXème fût prospère avec le développement des forges, tanneries et filatures. Tout au long du XIXème siècle, l’exploitation des sources d’eau chaude du Monêtier connut son apogée : on venait de Provence, Dauphiné et Piémont pour profiter de ses bienfaits. Cette époque connut aussi le développement des forges, tanneries et filatures ainsi que l’exploitation semi-industrielle des mines d’anthracite, tout au long de la vallée de la Guisane.
Naissance d'une station de ski
Le nom de Serre Chevalier serait issu du vieux dialecte d'oc : "Serre" qui désigne une butte et "cambeou" un troupeau...
En France, le ski alpin arrive en 1897 sur le Mont Guillaume dans les Hautes-Alpes, sous l'impulsion du 28eme bataillon des chasseurs alpins. Le ski est d'ailleurs introduit dans l'armée au tout début du 20eme siècle. Dans le Briançonnais, le ski se développe sous l'impulsion du 159ème régiment d'infanterie alpine installé à Briançon qui utilise le ski comme mode de déplacement en hiver. L'enseignement du ski alpin se fit auprès des jeunes habitants de montagnes pour les faire sortir de leur torpeur hivernale et de devenir des guides de hautes montagnes.
La première remontée mécanique de Serre Chevalier fût le Téléphérique sur le site de Chantemerle inaugurée en 1941 comme le plus long d'Europe. Ce téléphérique reliait la station au sommet de Serre Chevalier situé à 2 491 m.
Le domaine pris de l'essor dans les années 60.
Le nom définitif de Serre Chevalier fût adopté en 1968.