Histoire des Hautes-Alpes
Introduction
L’implantation définitive de l’Homme dans le département des Hautes-Alpes remonte à 9500 avant J.-C. ; des traces d’occupation humaine remontant à cette période ont ainsi été retrouvées sur le site de Vitrolles. Rapidement, aux implantations temporaires ont succédé une occupation sédentaire. Dès la période de l’âge du bronze entre 2000 et 600 avant J.-C., l’occupation du territoire se précise ; elle se caractérise par une abondante production d’objets de bronze de très belle facture (trésors de Réallon, de Guillestre…) qui désigne la civilisation en place, celle du « bel âge du bronze alpin ». Vers 400 avant J.-C., les peuplades celtes d’origine indo-européenne venues d’Europe centrale en vagues successives depuis le Xe s. sont solidement établies dans la région. Nos vallées sont marquées alors par un profond mélange de peuples celtes et ligures qui se partagent massifs montagneux et vallées.
Les invasions barbares
Au Ve s. après J-C., les Alpes n’échappèrent pas aux invasions que subit la Gaule dans l’empire romain affaibli : Wisigoths se rendant d’Italie en Aquitaine, Lombards, Saxons… Malgré cette période d’anarchie, les éléments essentiels de la civilisation réussirent à être maintenus : les structures religieuses et administratives dirigées par les évêques et archevêques de Gap et d’Embrun, relayées pendant quelques décennies par les dignitaires francs de l’administration civile et militaire de Charlemagne.
Le Moyen-Âge et la féodalité
Au développement du christianisme au Ve siècle succéda au IXe siècle une décadence religieuse et la déliquescence de l’administration et des organes de pouvoirs politiques centraux sous les derniers Carolingiens.
Une aristocratie militaire venue de Provence et de la vallée du Rhône vient mettre fin aux raids de musulmans qui remontent dans nos vallées depuis la Provence et rétablit l’ordre, s’établit sur place et se partage les territoires, imposant à la population locale son autorité ; la féodalité s’installe dans ce qui deviendra quelques décennies plus tard le Haut-Dauphiné, les futures Hautes-Alpes, sous la coupe des seigneurs-évêques de Gap et d’Embrun, vassaux de l’Empereur germanique et de la Provence d’une part, et du dauphin de Viennois, seigneur du Briançonnais.
Au cours du XIe siècle, beaucoup de pèlerins et de croisés empruntent les routes des Alpes pour se rendre en pèlerinage à Rome et en Terre Sainte. La réforme grégorienne et le développement des ordres de Chalais et des Chartreux en Dauphiné donne naissance aux abbayes et prieurés de Durbon, Bertaud et de Boscodon. C’est bientôt aussi le temps de l’hérésie avec Pierre de Bruis et les Pétrobusiens, et Valdo et les vaudois qui trouvent un temps refuge dans les vallées de Vallouise et de Freissinières avant d’y être poursuivis jusqu’à la fin du XVe s. où le roi Louis XI fait cesser toutes persécutions à leur encontre.
L’installation des papes à Avignon au XIVe siècle profita à Briançon et à toute la vallée de la Durance, car Mont-Genèvre était le lieu de passage des commerçants et diplomates pour se rendre en Italie. En outre, depuis le » transport » (cession) du Dauphiné par le dauphin Humbert II au royaume de France en 1349, nos vallées formaient la frontière de la France avec le puissant duché de Savoie assis en Piémont. Louis XI Charles VIII, Louis XII, François 1er et Henry II et Louis XIII y séjournèrent, mais le pays souffrit surtout de passages incessants de troupes françaises engagées dans les Guerres d’Italie (XVIe s.), et des invasions des troupes savoyardes. On commença à renforcer les fortifications de Briançon.
Après les ravages causés par quatre décennies de Guerres de religion entre protestants et catholiques où s’illustra le sire des Diguières, futur Lesdiguières, dernier connétable de France, le Haut-Dauphiné est envahi à nouveau en 1692 lors de la ligue contre Louis XIV par les armées du duc de Savoie par la vallée de Barcelonnette. Après la chute d’Embrun au mois d’août, les troupes occupèrent la vallée de la Durance, y causant de notables destructions. Cette invasion décida de renforcer la place forte de Briançon et de créer dès 1692 de toute pièce une citadelle au-dessus de Guillestre, Mont-Dauphin, qui sera bâtie sur les plans de Vauban, afin de contrer toute invasion par le Queyras, l’Ubaye et l’amont de la Durance. Le Briançonnais est aussi marqué par le passage des hommes du protestant Arnaud qui, après la révocation de l’Edit de Nantes, tente de s’allier aux Savoyards contre le roi de France, avant de trouver refuge en Suisse et en Allemagne. La plupart des protestants dauphinois, notamment ceux du Queyras, s’exilent alors ou sont contraints de se convertir.
Au XVIIIè siècle, le Haut-Dauphiné est encore traversé par les troupes lors des guerres de succession d’Espagne, puis d’Autriche. En 1792, à la Révolution, les troupes françaises vont garnir les places fortes à la frontière italienne.
A la fin du XVIIIè siècle, sous bonne garde française, le pape Pie VI traversa, malgré lui, la région et fit étape à Briançon, Savines et Gap avant de mourir à Valence. En 1815 c’est Napoléon 1er qui traverse la vallée du Drac dans sa remontée sur Paris depuis l’île d’Elbe.
Le déclin du Haut-Dauphiné
Le Haut-Dauphiné devint département des Hautes-Alpes en 1790, avec Gap comme chef-lieu de département au détriment de la capitale religieuse Embrun, mais fut alors plus une terre d’exode qu’un lieu de passage. Le département connu une émigration massive pour des raisons économiques au XIXe siècle, la densité de population devenant trop élevée par rapport à la superficie des terres cultivables et le département ne recelant pas les matières premières ni les infrastructures modernes pour développer une forte industrie qui aurait employé la population sur place. A cela s’ajoute le lourd tribut payé par les populations lors de la Première Guerre mondiale de 1914-1918.
L’économie des Hautes-Alpes
Au début du XIXe siècle, l’agriculture était le premier secteur économique du département ; l’élevage, mais aussi la culture du froment, de la vigne, du chanvre, du lin et de la pomme de terre représentaient l’essentiel de l’activité agricole. A l’extrême fin du XIXe siècle, la forêt et les prés, presque anéantis par le surpâturage des années précédentes regagnent de l’espace sur les pentes des montagnes grâce à l’action du service de Reboisement, puis sur les terres cultivables abandonnées par une population attirée par la ville grâce aux moyens de communication, et lasse de se battre sur des terres régulièrement laminées ou empierrées par des crues torrentielles. L’élevage prédominant au XIXe siècle est le mouton, l’élevage bovin pour sa production de lait et enfin le porc.
Le climat et la faible superficie des terres cultivées a favorisé la double activité des populations rurales qui ont abondamment pratiqué le colportage à échelle nationale et internationale, et ont servi de main-d’œuvre à l’industrie. L’industrie minière du Briançonnais (graphite, anthracite et métaux) et de L’Argentière, les mines métalliques avec l’extraction du plomb, du cuivre et de l’argent qui était exploitées dès l’époque romaine, s’épanouirent de 1850 à 1920 environ.
En outre, à Briançon, l’industrie de la Schappe (peignage et filature des déchets de soie) continua la tradition ouvrière instaurée au XVIIIe s. par Caire-Morand qui établit une facture de taille de cristal. La Schappe fut l’usine la plus importante du département au XIXe siècle avant de fermer en 1933. La fabrication de draps, de rubans et de chaussures dans l’Embrunais et l’industrie du bois et de la terre cuite dans le Gapençais, l’industrie hydro-électrique dans l’Argentièrois, et surtout à Serre-Ponçon avec l’édification du plus grand barrage de terre d’Europe sur la Durance en 1960, complètent le tableau industriel des vallées haut-alpines.
Dans les années 70 ce sont les entreprises du bâtiment qui étaient le plus représentées dans le département grâce au tourisme et au développement des stations de ski.
Le tourisme devient au cours du XXe siècle la principale activité économique, avec l’arrivée du ski en 1900 à Montgenèvre lancé par les chasseurs alpins de Briançon et en 1907 les premières compétitions internationales. Le premier téléphérique fut construit à Chantemerle en 1941.
Au début du XXe siècle le climatisme se développe à Briançon et la construction du lac de Serre-Ponçon en 1960 permet de développer le tourisme estival
Histoire de Saint-Chaffrey
Au paléolithique, une période de glaciations successives empêcha toute implantation humaine en Briançonnais. Cependant, il est attesté qu’au cours du néolithique, soit 2000 ou 3000 ans avant notre ère, le peuplement s’étendit plus en avant dans les Alpes. Des vestiges archéologiques datant de cette époque ont été retrouvés dans les vallées situées du côté italien, tels que : des haches en pierre (Oulx, Salbertrand, Césanne), des débris de poteries (Valcluson), ainsi que deux pierres gravées, l’une de petites croix, dite la Peïro de lâ Crû (Gran Faetto) et l’autre, de signes étranges, appelée la Péira eicrita (Comba Farina). Sur le versant occidental des Alpes, les traces d’occupation sont moins nombreuses, en effet, seule une hache en pierre polie a été retrouvée dans la vallée perchée de Fressinières (c’est là le seul vestige de cette époque situé en altitude). Il est isolé de quelques cinquante kilomètres de tous ceux qui ont été découverts, plus au Sud, notamment, dans la vallée du Buëch), ainsi qu’un mégalithe, dit la table percée, au Col de l’Echelle. Les hautes vallées de Briançon et du Queyras auraient ainsi été peuplées à une époque plus tardive, certainement par l’Est.
A l’âge du bronze, la région a certainement été traversée mais tout établissement a dû être limité jusqu’à une période plus reculée, comme en attestent la découverte d’une faucille (Montgenèvre), d’une lame de poignard à rivets (Col du Lautaret), de cinq colliers (St-Véran) ainsi que d’une soixantaine d’objets en bronze, mis à jour fortuitement par des marmottes en 1963, au lieu dit de la Casse Rousse (Villard d’Arêne), à plus de 2000 m d’altitude. Plus bas, des traces d’activités humaines ont également été retrouvées à St-Chaffrey, aux Alberts, au pied du Col de Montgenèvre, autour de Guillestre et à Vallouise. Datant tous des VIIIème et VIIéme siècles, et restant, une fois de plus isolés d’autres vestiges situés plus au Sud (les plus proches se trouvant à Réallon, dans le Champsaur ou dans la vallée du Buëch), la théorie d’un peuplement venant d’Italie, en passant par les cols, apparaît donc plus crédible. Ainsi, dès l’époque de l’âge du bronze, les populations montagnardes auraient été distinctes de celles de la haute Provence. Toutefois, une activité pastorale des peuples du Sud n’est pas à proscrire, même si aucune trace n’a été retrouvée sur cinquante kilomètres.
A Briançon, les travaux de construction de la gare de Ste-Catherine, à la fin du XIXème siècle, firent apparaître plusieurs squelettes, accompagnés de bracelets de fer. Si aucune étude sérieuse ne fut faite à cette époque, il est probable d’y voir comme J. Routier et H. Petiot, des vestiges de l’époque de Hallstatt. En effet, dans tout le Briançonnais, la période de l’âge du fer est marquée par cette civilisation. Ainsi, des bijoux en bronze remontant à cette période ont été retrouvés à Pelvoux et dans le Queyras (St-Véran). A Case Plan et à Soubras, près d’Oulx, des tombes recouvertes d’une grande pierre plate ont été mises à jour. Dans l’une d’elles, le crâne d’un squelette contenait une étrange broche en bronze de la Civilisation de Hallstatt (VIIème et Vème siècles avant JC). Si ceci nous renvoie à des rituels plutôt macabres, cela semble confirmer notre théorie d’un peuplement venu par l’Est. Rappelons à ce sujet que la Civilisation de Hallstatt, l’une des plus importantes de l’âge du fer en Europe, provenait de la partie la plus orientale des Alpes, entre l’Autriche et la Slovénie, avant de s’étendre aux Alpes du Nord (Suisse et Italie), et plus loin, à la vallée du Rhin, la France et l’Angleterre. Le peuplement du Briançonnais serait donc bel et bien venu par l’Est.
Il apparaît clair, comme le dit J. Routier, qu’un mode de vie s’édifia lentement en montagne, où l’homme s’adapta à un milieu difficile, organisant une vie sociale inscrite dans la mémoire collective, qui aura persisté bien des siècles après, adaptée à de nouveaux besoins, dans les fondements mêmes des institutions, de la vie économique ainsi que sur certains points, dans les mentalités des habitants de ces régions.
Certainement installées sur le replat des vallées, les populations auraient eu une vie matérielle basée sur l’utilisation des ressources locales : exploitation des bois, mines de métal, activité agro-pastorale (cette dernière qui, comme nous le montrerons plus tard, a dû permettre à l’homme de survivre au grand froid hivernal grâce à la présence des troupeaux). Cependant, à ces moyens répondant aux besoins essentiels, vinrent s’ajouter des échanges commerciaux qui, dès l’âge du bronze, durent avoir lieu entre les tribus établies de part et d’autre des Alpes.
Déjà à l’âge du bronze, le Briançonnais est occupé par des peuplades celto-ligures, les Brigiani, qui sont à l’origine du nom romain Brigantio (racine celtique « brig » = lieu élevé).
A l’époque romaine, Saint-Chaffrey se trouve en bordure de la voie domitia créée au moment de la conquête du Midi de la Gaule, à partir de 120 av. J-C., par le consul Cneus Domitius Ahenobarbus. La Via Domitia, du nom de son fondateur, devait réunir l’Italie aux provinces d’Espagne en desservant la nouvelle Province Transalpine. C’est en fait la plus ancienne route construite de France. Suivant en partie d’anciens itinéraires attestés par des historiens et des géographes de l’Antiquité, cette voie franchissait les Alpes au col du Montgenèvre, gagnait le delta du Rhône par les vallées de la Durance et du Calavon, traversait les plaines du Languedoc et du Roussillon et passait les Pyrénées au col de Panissars près du Perthus. Elle était jalonnée par les cités de Briançon, Gap, Sisteron, Apt, Cavaillon, Nîmes, Béziers, Narbonne et Château-Roussillon.
Cette voie était fréquentée car elle reliait Rome à Saint-Jacques de Compostelle. Saint-Chaffrey était aussi traversé par la voie Stabatio qui menait à Grenoble et passait par Monétier les Bains. La Vallée de la Guisane est déjà appréciée des romains, qui utilisaient l’eau chaude pour se soigner. La Guisane, cours d’eau prenant sa source au Col du Lautaret tire son nom de l’appellation « Aquisana » qui signifie « l’eau qui guérit ».
Du V° au X° siècle, particulièrement, le col de Montgenevre sera très emprunté par les envahisseurs de toutes origines : Ostrogoths, Lombards, Sarrasins, et Hongrois en particulier. Après le passage des Wisigoths, des Francs et des Lombards, la vallée de la Guisane est Dauphinoise à partir de 1024 et fait partir de la principauté de Briançon.
C’est à cette époque qu’aurait été construite la chapelle Saint-Arnould.
Vers 1040 (XI° s.), Henri III confie le Briançonnais au Comte d’Albon, tige des Dauphins. Briançon s’épanouira enfin et se verra reconnaître des Dauphins certaines libertés.
En 1343, les communautés Briançonnaises signent avec Humbert II, le dernier dauphin, la Grande Charte qui leur reconnaît des privilèges économiques et municipaux. Les briançonnais, sans exception, sont désormais tenus et considérés comme des hommes libres, francs et bourgeois. Le Grand Escarton était composé de cinq Escartons (ou territoires) soit 51 communes (à présent à cheval sur la France et l’Italie).
L’étymologie du mot « escarton » vient de son rôle essentiel qui était de répartir l’impôt, la part de chaque communauté étant un escart. Cette fédération est rendue possible grâce à la prospérité qu’a connue le Briançonnais à partir du début du XIVème siècle. A cette époque se déroulaient à Briançon des foires célèbres. En 1339, Briançon comptait 1500 habitants. Mais la peste de 1348 anéantît 73% de la Population.
La vallée de Serre Chevalier entre dans le Royaume de France en 1349. Quelques personnages célèbres séjournèrent à Briançon : François 1er en 1537, Louis XIII et Richelieu en 1629, Vauban en 1692 et 1700.
Le Traité d’Utrecht de 1713 allait diviser le Briançonnais. En effet, il se trouva coupé en deux : un côté au Duché de Savoie (Italie aujourd’hui) et un autre dans le royaume de France. On trouve encore entreentre Névache et Valloire des bornes frappées d’une fleur de Lys sur une face et d’une Croix de Savoie de l’autre…
Mais couper les Escartons en deux pays différents ne fût guère apprécié : tous les gens du Val Susa perpétuèrent le français et le dialecte briançonnais pendant longtemps. De l’autre côté, le traité accorda le maintient des privilèges ancestraux. La Révolution Française anéantît l’Escarton et entraîna la perte de ses valeurs. En 1789, La Grave et Villar d’Arène demandent leur rattachement aux Hautes Alpes.
En 1815, Briançon tînt 4 mois le siège face aux Autrichiens qui dûrent finalement renoncer. La fin du XIXème fût prospère avec le développement des forges, tanneries et filatures. Tout au long du XIXème siècle, l’exploitation des sources d’eau chaude du Monêtier connut son apogée : on venait de Provence, Dauphiné et Piémont pour profiter de ses bienfaits. Cette époque connut aussi le développement des forges, tanneries et filatures ainsi que l’exploitation semi-industrielle des mines d’anthracite, tout au long de la vallée de la Guisane.
Naissance d’une station de ski
Le nom de Serre Chevalier serait issu du vieux dialecte d’oc : “Serre” qui désigne une butte et “cambeou” un troupeau… Provenant des pays scandinaves (la Norvège en grande partie), le ski alpin est un dérivé du ski nordique. Il faut remonter jusqu’en 1880 pour voir apparaître les premiers skis conçus pour la descente, et, inventé par les Norvégiens, aussi inventeurs du Télémark. Les premières règles codifiées du ski alpin sont établies en Autriche par Mathias Zdarsky et Hannes Schneider, en 1896.
En France, le ski alpin arrive en 1897 sur le Mont Guillaume dans les Hautes-Alpes, sous l’impulsion du 28eme bataillon des chasseurs alpins. Le ski est d’ailleurs introduit dans l’armée au tout début du 20eme siècle. Dans le Briançonnais, le ski se développe sous l’impulsion du 159ème régiment d’infanterie alpine installé à Briançon qui utilise le ski comme mode de déplacement en hiver. L’enseignement du ski alpin se fit auprès des jeunes habitants de montagnes pour les faire sortir de leur torpeur hivernale et de devenir des guides de hautes montagnes.
La première remontée mécanique de Serre Chevalier fut le Téléphérique sur le site de Chantemerle inaugurée en 1941 comme le plus long d’Europe. Ce téléphérique reliait la station au sommet de Serre Chevalier situé à 2 491 m.
Le domaine pris de l’essor dans les années 60.
Le nom définitif de Serre Chevalier fut adopté en 1968.
La vie des hameaux : Chantemerle
Chantemerle au 18e siècle
«Chantemerle paroisse indépendante de la communauté de Saint-Chaffrey, située sur le chemin qui conduit de Briançon à Monêtier, à une lieue de l’un et de l’autre. On n’y compte que 80 maisons qui comportent environ 375 personnes. Quelque intérêt que j’ai à parler favorablement d’un lieu qui m’a donné la naissance et qui demeure de ceux qui me sont le plus étroitement unis par le lien du sang; je puis cependant dire sans crainte d’être accusé de partialité que Chantemerle est un des jolis villages qui soient dans le Briançonnais, tant par rapport à la situation que par rapport à la manière dont il est construit.
Sa situation ne saurait être plus gracieuse pour un pays de montagne; placé au milieu d’un vallon qui a deux lieues de long tout en plaine, on voit d’un côté Briançon et ses forteresses, et de l’autre les campagnes de la Salle et du Monêtier. La rivière la Guisane le traverse, sur laquelle on a bâti un pont de pierre d’une seule arcade pour la communication de la partie qui est à «l’adrait», avec celle qui est à «l’envers». Le canal de Briançon y passe en tête. Le terroir qui l’environne du côté de «l’adrait», offre à la vueune plaine assez vaste toute couverte de champs: celui qui est du côté de «l’envers» est à la vérité en pente, mais depuis la rivièrejusqu’au sommet de la montagne du Prorel qui confine avec celle de Vallouise, il n’y a rien qui dans la belle saison ne soit garni de verdure. Vers le milieu de la montagne chaque habitant y a une cabane, ou plutôt une grange, où il reste une personne pendant quatre mois de l’été, pour avoir soin des bestiaux qui y paissent et pour y accommoder le laitage. Vers le bas ce sont de petits champs, prés environnés d’arbres, des bosquets où les oiseaux au printemps font entendre leur doux ramage, et où les merles ne discontinuent pas de chanter; ce qui a fait donner à l’endroit le nom de Chantemerle. Les eaux des fontaines y sont en tous temps d’une fraicheur extraordinaire, le soleil y parait et y disparait deux fois par jour, depuis le 5 décembre jusqu’au 6 janvier, à cause du sommet d’une montagne qui le cache pendant une heure par jour.
Le village est construit en forme de bourg, ou de ville, c’est-à-dire, que les maisons y font ensemble comme dans les villes, n’y ayant pas d’autre séparation que celles que les rues exigent pour le passage; de sorte qu’il n’y a pas plus d’une portée de coup de fusil d’une extrémité du village à l’autre.
Les maisons n’y sont pas mal bâties, surtout celles qui sont du côté de «l’adrait» qu’on a bâties à neuf depuis les deux incendies que les habitants ont eu le malheur d’essuyer dans l’espace de 57 ans. Le premier arriva le 9 février 1711 le jour de la sainte Appollonie, il réduisit en cendres toute cette partie de la paroisse qui est du côté de «l’adrait», ce qui obligea les habitats de reprendre jusqu’aux fondements la bâtisse de leurs maisons. Le second arriva le 23 mars 1779, également par imprudence comme le premier, 66 maisons, les mêmes qui avaient brulé en 1711, y périrent par les flammes; le feu n’épargna que les appartements où l’on avait fait des voûtes en maçonnerie. Pour empêcher s’il est possible ces fréquents incendies, dans cette paroisse, qui ont ruiné les habitants; il fut délibéré dans une assemblée tenue le 20 avril 1779, qu’à l’avenir on couvrirait les maisons de planches de mélèze ou d’ardoise et non pas de chaume comme auparavant; que les cheminées seraient découvertes et qu’on aurait soin de les faire ramoner quatre fois par an. Si l’on exact à faire observer cette délibération, il faut espérer qu’il n’y arrivera plus un semblable malheur.
L’église paroissiale avait également été brûlée par le premier incendie, on fut obligé de la rebâtir toute de neuf, d même que le haut clocher. Dans le second, l’intérieur n’a pas souffert, mais le toit et les portes ont totalement été brûlés, de telle sorte qu’il a fallu les refaire en entier. Le clocher beaucoup été endommagé, quatre cloches ont été fondues par l’ardeur du feu. Il y avait à ces cloches 28 quintaux de métal que l’on a retrouvé en grandes parties dans les décombres. Cette église est fort propre et bien ornée, on y admire surtout le maître autel dont le tabernacle est venu de l’église collégiale de Saint-André de Grenoble; elle est sous le titre de Saint-Jacques le majeur, dont la fête se célèbre le 25 juillet; Saint-André apôtre en est le second titulaire.»
Source: «Histoire du diocèse d’Embrun» par très humble et très obéissant serviteur A.C.D.S. en l’année 1783.
L’histoire de l’Envers
Situé sur la rive droite de la Guisane, à l’ubac, au pied de la forêt de mélèzes et de feuillus, le quartier de l’Envers se blottit autour d’une seule rue qui conduit à la mine des Eduits, à la chapelle St-Roch, construite lors de la peste de 1630 et aux chalets d’estive. Cette voie fut empruntée durant de nombreuses années par les mineurs et les cultivateurs traînant des “ramasses” de foin et de bois. Serrées les unes contre les autres, couvertes de chaume ou de bardeau, les maisons étaient toutes habitées, peuplées de nombreux enfants. “ On se connaissait tous, on se parlait tous ” clament Renée et Jean Blanchard, habitants de la filature à l’époque. Le pont étroit faisait le lien entre le bourg et l’Envers.
En 1949, fin août, dix-sept maisons furent détruites par un incendie d’une rare violence. “Le chaume (paille de seigle) des toitures, les granges garnies de fourrage et de céréales formaient un élément de choix pour le feu” se souvient Louis Chaix. Il revoit son père, les flammes s’approchant, qui ne cessa d’arroser le toit de sa maison pour empêcher la propagation du feu. Pompes à bras, moto-pompes de Briançon, de Monétier-Les-Bains, de l’Argentière et de Bourg d’Oisans arrivèrent pour circonscrire l’incendie. Deux personnes furent légèrement brûlées et sept foyers (familles) se retrouvèrent sans abri…
Plus récemment, ce quartier a été à nouveau éprouvé, en juillet 1995, lorsqu’après de violents orages, le torrent le Peytavin sortit de son lit et traversa une grande partie de l’établissement les Abeilles.
Histoire du téléphérique
Le 21 décembre 2021, sur la place baptisée de son nom, le téléphérique de Chantemerle fêtait ses 80 hivers en beauté, célébré par ses champions, mis en lumière par un spectacle féérique. Huit décennies plus tôt jour pour jour, le 21 décembre 1941, les autorités procédaient à l’inauguration officielle d’un transport par câble qui allait révolutionner le quotidien de toutes les familles de la vallée de la Guisane. Et donner naissance à la station de Serre Chevalier, comme le raconte l’article ci-dessous du journal municipal de Saint-Chaffrey, logiquement intitulé Téléphérique.
La Ruche, dancing de mémoire
De 1962 à 1970, entre mai et novembre, toute la jeunesse du Briançonnais se pressait chaque samedi soir au dancing La Ruche improvisé dans l’ancienne scierie de Pont-Carle par une joyeuse bande de copains. Retour sur ces soirées mémorables au son de l’orchestre invité dans l’article ci-dessous extrait du journal municipal de la commune.